Page:Démosthène - Œuvres complètes, Stiévenart, 1870.djvu/394

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l’ensemencement, et y font paître leurs bestiaux ; les pylagores et les assesseurs se rendront sur les lieux, marqueront les limites par des colonnes, et défendront aux Amphissiens de les passer à l’avenir.

[155] Autre décret.

Sous le pontificat de Clinagoras, dans la session du printemps (90), les pylagores, les assesseurs, et le corps amphictyonique, arrêtent :

Attendu que les Amphissiens se sont partagé le terrain sacré, le cultivent, et y font paître leurs bestiaux ; que, lorsqu’on a voulu les en empêcher, ils sont sortis en armes, ont repoussé avec violence le Conseil général des Hellènes, blessé même plusieurs de ses membres :

Cottyphos l’Arcadien (91), élu stratége des Amphictyons, sera député vers Philippe de Macédoine, pour le prier de secourir Apollon et le Conseil, de ne pas abandonner le dieu outragé par les Amphissiens sacrilèges, et pour lui notifier que les Hellènes amphictyoniques le nomment général, et lui confèrent un pouvoir absolu.

Lis aussi la date de ces décrets : c’est l’époque où cet homme fut pylagore. —Lis.

Date.

Archonte, Mnésithide (92) ; le seize du mois Anthestérion.

[156] Montre-nous la lettre qu’adressa Philippe à ses alliés du Péloponnèse, quand Thèbes refusa de lui obéir : on y verra clairement comme il cachait son dessein réel d’attaquer et vous, et les Thébains, et toute la Grèce ; comme il feignait d’agir dans l’intérêt commun, et au gré des Amphictyons. Mais qui lui fournissait ces expédients, ces prétextes ? c’était Eschine. — Lis.

[157] Lettre de Philippe.

Le roi des Macédoniens, Philippe, à ses alliés du Péloponnèse, démiurges (93), assesseurs, et à tous ses autres confédérés, joie !

Les Locriens appelés Ozolos, qui habitent Amphissa, profanent le temple d’Apollon à Delphes, et ravagent, les armes à la main, le terrain sacré. C’est pourquoi je veux secourir le dieu de concert avec vous, et le venger de ceux qui violent ce qu’il y a de plus saint parmi les hommes. Venez donc, tout armés, me joindre en Phocide ; apportez des vivres pour quarante jours, au commencement du mois appelé Lôos en Macédoine, Boédromion dans l’Attique, Panémos à Corinthe. Ceux qui ne viendront pas avec toutes leurs forces seront condamnés à l’amende (94). Soyez heureux !

[158] Voyez comme il déguise ses motifs personnels, et se retranche derrière ceux des Amphictyons ! Qui l’a secondé dans cette manœuvre ? qui lui a suggéré ces impostures ? quel fut le principal auteur des calamités qui en résultèrent ? N’est-ce pas ce malheureux ? N’allez donc plus, ô Athéniens ! disant partout : Un seul homme a causé les maux de la Grèce ! Un seul homme ! non, c’est une foule de scélérats répandus chez tous les peuples, j’en atteste le ciel et la terre ! [159] et celui-ci est du nombre. S’il faut dire la vérité sans ménagement, je le proclame hautement le fléau universel qui écrasa ensuite hommes, villes, républiques. Il a fourni la semence, il est coupable de ce qu’elle a produit (96). Aussi, qu’à son aspect vous ne détourniez pas les yeux, je vous admire ! Sans doute un nuage épais vous dérobe la vérité.

[160] En suivant les attentats de cet homme contre la patrie, je me trouve conduit à dire ce que j’ai fait pour y résister. Écoutez-moi, plusieurs raisons vous y obligent. Il serait surtout honteux, hommes d’Athènes ! que vous ne pussiez supporter le récit de ces travaux dont j’ai supporté pour vous les fatigues.

[161] Je vis que les Thébains, et presque vous-mêmes, séduits par les agents que Philippe soudoyait dans les deux Républiques, vous perdiez de vue ce qui, pour toutes deux, était le plus à craindre, ce qui demandait une extrême vigilance, l’accroissement de sa grandeur ; toujours disposés entre vous à la haine, à une rupture. Je travaillai sans relâche à prévenir ce malheur. Il importait de vous réunir : j’en étais convaincu et par mes propres réflexions, [162] et par le souvenir d’Aristophon et d’Eubule, qui avaient voulu de tout temps cette alliance, souvent opposés sur le reste, toujours d’accord sur ce point. Vivants, tu les flattais, maligne bête ! tu rampais à leur suite ; morts, tu ne rougis pas de les accuser ! Car les reproches que tu m’adresses au sujet des Thébains, tombent bien moins sur moi que sur ces citoyens qui, avant moi, avaient approuvé cette alliance. [163] Mais revenons. Eschine avait allumé la guerre d’Amphissa ; ses complices avaient attisé votre haine contre les Thébains. Alors arriva ce qu’ils s’étaient proposé en fomentant la discorde : Philippe vint fondre sur nous ; et, si nous ne nous fussions réveillés à temps, nous n’aurions pu nous reconnaître, tant ils avaient poussé loin leurs manœuvres ! Quelles étaient déjà les dispositions mutuelles d’Athènes et de Thèbes ? vous l’allez voir par vos décrets, par les réponses de Philippe. — Prends ces pièces, et lis.

[164] Décret.

Sous l’Archonte Héropythos (97), le 6 de la 3e décade d’Élaphébolion, la tribu Erechtheide présidant, de l’avis du Conseil et des stratèges ;

Attendu que Philippe s’est emparé de plusieurs villes voisines, qu’il en saccage d’autres ; qu’en un mot, comptant pour rien nos traités, il se dispose à envahir l’Attique, à se parjurer, à rompre la paix ;

Le Conseil et le Peuple arrêtent :

Un héraut et des députés seront envoyés au roi de Macédoine, pour conférer avec lui, et l’engager surtout à maintenir la concorde et les traités ; sinon, qu’il accorde à la République le temps de délibérer, et une trêve jusqu’au mois de Thargélion (98).

Députés élus dans le Conseil, Shnos d’Anagyronte, Euthydème de Phlyes, Boulagoras d’Alopèque.

387 Autre décret.