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Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on dirait qu’elle danse,
Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés
Au bout de leurs bâtons agitent en cadence…

Et, par le serpent, nous arrivons au chat, au chat qui est, en effet, l’hôte favori de Baudelaire.

Dans ses Notes intimes, on lit quelque part :

« Le chat est beau ; il révèle des idées de luxe, de propreté, de volupté », et ce sont bien là les trois aspects sous lesquels l’animal nous apparaît dans les Fleurs du Mal, en y ajoutant cette nuance de magnétisme dont le poète était hanté.

Mais le chat n’est pas son unique favori dans le monde animal : deux autres au moins ont encore conquis ses faveurs : le cygne, et, le croirait-on ? le chien.

Du cygne il a tracé un portrait tout empreint des nuances de l’amour :

Un cygne qui s’était évadé de sa cage.
Et, de ses pieds rugueux frottant le pavé sec…
Sur son cou convulsif, tendait sa tête avide.
Comme s’il adressait des reproches à Dieu !

Et ce Cygne, ce Cygne qui devait un peu plus tard toucher également Mallarmé de sa grâce éburnéenne, rejoint l’Albatros comme une des plus émouvantes créations de la poésie baudelairienne.

Quant au chien, s’il est banni des Fleurs du Mal, en revanche, on le trouve abrité dans les