Aller au contenu

Page:Désaugiers - Chansons choisies, 1861.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Allant visiter un malade,
Vit le raisin, et fut tenté.
Puis de son homme ouvrant la porte,
Et le trouvant sans pouls ni voix :
« C’est, dit-il, (le diable m’emporte !)
Le trentième depuis un mois.
Nous n’avons plus, etc.

Un auteur, sous un frais ombrage,
Lisant un poème fort beau,
À chaque feuille de l’ouvrage
S’humectait d’un raisin nouveau.
« Çà, lui dit-on, un tel poëme
Vous a coûté six mois et plus ?…
— Non, reprit-il à l’instant même…
Il m’a coûté cinquante écus. »
Nous n’avons plus, etc.

Sous la treille un petit Pompée
Criait aux badauds étonnés :
« Dans ma vie, ah ! quels coups d’épée,
Quels coups de sabre j’ai donnés !
Quels coups de fusil ! quels coups… » Zeste,
Il mord la grappe là-dessus,
Et poursuit d’un air plus modeste :
« Quels coups de bâton j’ai reçus ! »
Nous n’avons plus, etc.

Au moment de donner la vie
À l’héritier de son époux,
Une jeune femme eut envie
De ce raisin si beau, si doux !…
Et le pauvre homme ayant, pour elle
Cueilli le fruit qu’elle happa :