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Page:Désaugiers - Chansons choisies, 1861.djvu/93

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Contemplez cette pendule
Dont l’aiguille, dans son cours,
Avançant toujours, toujours,
Jamais, jamais ne recule…
Son timbre est une voix
Qui nous dit : « Point de scrupule.
Aime, ris, chante et bois ;
Tu ne vivras qu’une fois. »

Ce vieillard, sur sa béquille,
Avec peine s’appuyant,
Et qui soupire en voyant
Passer une jeune fille…
D’un air encore grivois,
Semble dire à chaque drille :
« Aime, ris, chante et bois ;
Tu ne vivras qu’une fois. »

Voyez-vous cet Esculape,
Dont le docte et vain secours
Doit du banquet de vos jours
Bientôt enlever la nappe ?
Il vous dit, comme aux rois :
« Avant que chez toi je frappe,
Aime, ris, chante et bois :
Tu ne vivras qu’une fois. »

Quand les foudres de la guerre,
À la voix de ces fléaux
Follement nommé héros,
Ont ravagé notre sphère,
Que disent tant d’exploits
À ce qui reste sur la terre ?