Page:Désorgues - Les Transtéverins, 1794.djvu/12

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Ils semblent avoir dit au despote du Tibre,
Que Rome serve ailleurs, ici qu’elle soit libre.
Ses nombreux habitans flétris, dégénérés,
Des Vandales, des Goths, enfans déshonorés,
N’ont plus rien de ce sang qui coule dans nos veines ;
Ils ne sont pas Romains, ils méritent tes chaînes ;
Qu’ils réclament tes vœux, tes bulles, tes pardons ;
Mais nous, du peuple-roi vertueux rejetions,
Nous, protecteurs des loix, appuis de la justice,
Nous qui des oppresseurs signâmes le supplice,
Nous ne partageons pas ce lâche abaissement,
Règne, mais loin de nous, et remplis ton serment.
Jure de maintenir nos loix et nos usages
Et ne nous force point à passer ces rivages.
Le traité fut conclu, le pontife prudent
De ce peuple inquiet, redouta, l’ascendant ;
Il le redoute encore, et ses vils satellites
N’osent du Transtévère aborder les limites.
Allez, braves Français, secondez les Romains ;
Lavez au Vatican l’opprobre des humains ;
C’est là qu’on a signé vos guerres catholiques.
Ces voûtes ont frémi de ces affreux cantiques,
De ces hymnes de sang où, pour venger l’autel,
D’un massacre pieux on rendoit grâce au ciel,
Là, Pierre, sur l’erreur, fondant ses privilèges,
Alluma ses bûchers, ses foudres sacrilèges.
Éteignez ce volcan, justifiez les dieux.
Entendez-vous crier vos frères, vos ayeux ?
Là tu meurs, Basseville, et ton ombre outragée,
Erre, et s’indigne encore de n’être point vengée,