étrangers il y a près de deux ans, la seconde il y a près de neuf mois. Pendant qu’on les réimprimait à la suite de l’édition de l’histoire, les Jésuites, déjà chassés de l’Espagne, l’ont encore été de Naples, de Sicile, de Parme, de l’Amérique espagnole, et du Paraguai même. Cette expulsion s’est faite partout sans bruit, sans scandale, sans la plus légère émeute. On est bien persuadé, vu la sagesse des mesures qui avaient été prises dans ces différents États pour l’émigration des Jésuites, qu’elle ne pouvait pas être fort orageuse ; mais ce qui doit étonner, et à quoi l’on ne s’attendait pas, c’est que nulle part, à ce qu’on assure, ces pères n’ont été regrettés par le peuple, et que le Paraguai même n’a témoigné nul chagrin de leur départ. Si la chose est ainsi, rien ne décèle davantage dans cette société, comme nous l’avons déjà dit ailleurs, une faiblesse réelle qui n’avait que le masque de la force ; l’opinion seule faisait regarder les Jésuites comme redoutables, et on doit être un peu honteux de la frayeur qu’ils ont si longtemps causée ; ce qui n’empêche pourtant pas qu’en Portugal, en France, en Espagne, etc., on n’ait très bien fait de les détruire.
Un grand roi qui n’ayant pas le bonheur d’être catholique, ne doit pas être fort attaché à la société, qui même dans la dernière guerre n’a pas eu lieu d’être content des Jésuites de Silésie, mais qui ayant résisté à quatre armées, ne s’effraie pas aisément d’une compagnie de moines, a écrit ces propres paroles : Quoiqu’invité par l’exemple des autres souverains, je ne chasse point les Jésuites, parce qu’ils sont malheureux ; je ne leur ferai point de mal, étant bien sûr d’empêcher qu’ils n’en fassent ; et je ne les opprime point, parce que je saurai les contenir.