En effet, il ne s’agit pas d’examiner si l’interprétation des encyclopédistes est contraire au texte grec, et au plus grand nombre des interprètes de l’Écriture, comme le journaliste le prétend ; il s’agit seulement de savoir si cette interprétation est en elle-même scandaleuse, absurde et impardonnable, comme il le prétend encore ; et c’est à quoi, ce me semble, les actes du clergé répondent suffisamment ; car quand on se serait écarté dans ces actes, à dessein ou sans le savoir, de la lettre du texte grec et de la foule des traducteurs, on n’eût pas apparemment adopté une interprétation qu’on aurait crue évidemment contraire à l’esprit de S. Paul, et surtout à l’intérêt des puissances légitimes. En un mot, si les encyclopédistes ont mal traduit le passage de l’apôtre, il me semble qu’on n’aurait pas dû leur reprocher si violemment une erreur qu’ils partagent avec les chefs et les docteurs d’Israël.
Un auteur moderne, fameux par ses écarts, et apparemment mécontent des puissances de ce monde, explique le passage dont il s’agit, en disant que les puissances de la terre viennent de Dieu, selon S. Paul, comme la peste et la famine ; nous sommes bien éloignés d’accuser ni les Jésuites ni personne, d’adopter ni d’approuver cette interprétation révoltante, qui se réfute suffisamment elle-même. Mais nous ne pouvons nous empêcher d’observer que les Jésuites ont leurs raisons pour entendre le passage de S. Paul dans un sens détourné qui leur est propre. Leur système, dont à la vérité ils ne se vantent pas trop hautement, mais qui ne paraît que trop dans leur conduite et dans leurs écrits, serait de réduire ou de subordonner, s’il leur était possible, toute l’autorité qui est sur la terre, à la seule autorité spirituelle ; leur argument là-dessus, dès qu’ils croiront pouvoir le proposer en sûreté, sera bientôt mis en forme d’après leur principe ; il ne leur faudra que donner une entorse légère, comme ils l’ont déjà fait, au passage de S. Paul, et à un autre endroit de l’Écriture. Il n’y a point sur la terre, diront-ils, de puissance qui ne vienne de Dieu, c’est S. Paul lui-même qui nous l’apprend. Non est potestas nisi à Deo : donc toute autorité qui émane évidemment d’une autre source que de l’Être suprême, n’est pas une vraie puissance digne du respect et de l’obéissance des hommes, et au contraire les puissances qui viennent évidemment de Dieu, sont celles auxquelles il faut se soumettre et rendre hommage. Or, l’autorité de l’Église et de ceux qui la représentent, émane évidemment de la divinité, puisque c’est Dieu même qui l’a établie ; l’autorité royale ne vient pas de la même source ; c’est ce que nos pères ont déjà si bien prouve dans le bon et saint temps de la ligue, lorsqu’ils persuadaient aux fidèles de secouer