Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, IV.djvu/170

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NOTES[1].

(1). Soumise à des rois. Cette expression, soumise, me paraît indiquée et même exigée par le texte, reges habuêre ; le mot habuêre semble marquer le despotisme, en effet três-réel, des rois de Rome, qui regardaient l’État comme leur bien, et traitaient leurs peuples en esclaves. Gouvernée par des rois, n’aurait été, si je ne me trompe, ni aussi juste, ni aussi fidèle.

(2). On créait au besoin des dictateurs passagers. Dictaturœ ad tempus sumebantur. Il me semble que les mots ad tempus sumebantur renferment les deux choses que j’ai tâché d’exprimer ; savoir que les dictateurs étaient créés quand les circonstances l’exigeaient, et qu’ils n’avaient de pouvoir que pour un temps.

(3). Les tribuns consulaires cessèrent bientôt. Le texte porte à la lettre, les tribuns militaires, revêtus du pouvoir consulaire, cessèrent bientôt. J’ai cru pouvoir abréger cette périphrase, d’ailleurs peu harmonieuse, en donnant à ces tribuns, avec quelques écrivains, le nom de tribuns consulaires. Ils furent créés à diverses reprises pendant le quatrième siècle de la fondation de Rome.

(4). Cinna et Sylla régnèrent peu. Le texte porte à la lettre : la domination de Cinna et celle de Sylla ne furent pas longues. Le tour que j’ai suivi est plus vif et plus rapide ; et il me semble que dans ce tableau raccourci de toute l’histoire romaine, la rapidité est un mérite essentiel. Il est vrai que Cinna et Sylla n’eurent point le nom de rois ; mais ils en avaient l’autorité : ainsi on peut dire proprement qu’ils régnaient. On peut au reste traduire, si l’on veut, Cinna et Sylla furent peu de temps les maîtres ; ce qui est presque aussi court, et d’une exactitude plus rigoureuse.

  1. Les notes suivantes sont destinées à rendre raison de la manière dont j’ai traduit certains endroits de Tacite. J’ai cru devoir me renfermer dans cet objet, ayant d’ailleurs mis au bas du texte les notes historiques absolument nécessaires.

    Je ne dois peut-être pas laisser ignorer au public que cette traduction a été attaquée dans un ouvrage périodique par un écrivain anonyme ; mais, ce me semble, avec beaucoup plus d’aigreur et de mauvaise foi que d’équité. On en peut voir la preuve dans l’Observateur littéraire de M. l’abbé de La Porte, de 1758, tom. II, pag. 194, et dans le Journal encyclopédique de février 1760. Il me semble qu’à l’exception d’un onde deux endroits sur lesquels la critique de l’anonyme était juste (quoique appuyée sur d’assez mauvaises raisons), j’ai été pleinement justifié par les deux Journalistes. Au reste, la plupart des notes qu’on va lire tombent sur des endroits sur lesquels personne ne m’a fait d’objection. Ces notes sont beaucoup plus nombreuses que dans les éditions précédentes ; elles serviront du moins à prouver que si je me suis écarté plus d’une fois des autres traducteurs, ce n’a pas été sans le savoir et sans y dire déterminé par des motifs au moins plausibles, mais qui peut-être ne le paraîtront pas à d’autres autant qu’à moi. Les gens de lettres en jugeront.