Page:D’Alembert - Œuvres complètes, éd. Belin, V.djvu/214

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l’est pas moins que, durant son séjour à Paris, je lui ai parlé de vous, avec les sentiments que vous m’avez depuis si longtemps inspirés. Il est encore plus vrai que je ne désespère pas d’obtenir pour cette statue d’autres souscriptions qui peut-être vous flatteront encore davantage ; mais ce projet n’est pas mûr encore, et je vous en rendrai compte dans quelques mois, si, comme je l’espère, il vient à bien. En attendant, ne parlez de cela à personne.

J’ai prié un des amis intimes de l’archevêque de Toulouse et des miens, de lui écrire au sujet des plaintes que vous en faites. Je vous demande en grâce, mon cher maître, de ne point précipiter votre jugement, et d’attendre sa réponse, dont je vous ferai part. Je gagerais cent contre un qu’on vous en a imposé, ou qu’on vous a du moins fort exagéré ses torts. Je connais trop sa façon de penser pour n’être pas sûr qu’il n’a fait en cette occasion que ce qu’il n’a pu absolument se dispenser de faire, et il y a sûrement bien loin de là à être déclamateur, persécuteur et assassin.

Nous avons, dites-vous, pour notre église, l’empereur de la Chine, le roi de Prusse, la czarine, le roi de Danemarck, etc. Hélas ! mon cher confrère, je vous répondrai par ces deux vers de votre charmante Épître au roi de la Chine :

Les biens sont loin de nous, et les maux sont ici :
C’est de l’esprit français la devise éternelle.

Mon compagnon de voyage, qui regarde le temps où il a été chez vous comme un des plus heureux de sa vie, vous embrasse et vous aime de tout son cœur. Ma santé est passable ; j’espère que l’exercice et le régime achèveront de la rétablir. Vale et me ama.

Il y a apparence que M. Gaillard sera notre confrère. Votre recommandation n’est pas le moindre de ses titres.


Paris, 12 décembre 1770.


Je vous ai déjà averti, il y a quelques jours, mon cher et illustre maître, que le président Debrosses est sur les rangs pour l’Académie, et qu’il a des partisans. J’ai été depuis aux informations, et j’ai su que le nombre de ces partisans est en effet considérable, et que nous sommes menacés de cette plate acquisition, si nous ne faisons pas l’impossible pour la parer. Or, vous saurez que le grand promoteur de ce plat président, est le doucereux Foncemagne, qui peut-être craindrait de vous désobliger, s’il savait que vous serez offensé d’un pareil choix. Je voudrais