quelques preuves de mouvements violents, comme la formation
des brèches, des poudingnes, le brisement des coquilles
et le redressement des couches. »
Réflexions sur l’œuvre de de Saussure
Pour justifier ce, que nous avons dit en commençant, nous avons tenu à reproduire l’expression même des principaux résultats que de Saussure avait obtenus de ses longues études. L’idée de la succession normale des phénomènes, déduite de la série chronologique des faits constatés, est à peine indiquée dans ses quatre volumes de descriptions et d’expériences de diverses sortes. Nulle part l’application un peu en grand de la discordance ou de la concordance des couches n’apparaît nettement ; les poudingues de Valorsine, les poudingues du Bigi et ceux qui résultent des phénomènes plus récents sont à peine distingués quant à leur âge relatif ; il en est de même des calcaires, des schistes ardoises, des grès, etc. Hormis les détails pétrographiques et orographiques, tout reste indéterminé comme si, à l’époque-où il écrivait, ce que nous appelons aujourd’hui la stratigraphie, n’avait encore été compris nulle part. Mais nous avons déjà dit qu’elle avait été mise en pratique en Italie, et nous verrons que d’autres parties de l’Europe étaient tout aussi avancées à cet égard.
Quant à la considération des fossiles, quels qu’ils soient, leur présence ne sert encore qu’à classer, sous la désignation vague de roches secondaires, celles où l’on en rencontre. L’expression de couches tertiaires se trouve, il est vrai, quelquefois, mais on n’aperçoit point ce qui les caractérise et les différencie des secondaires.
Nous remarquerons néanmoins que, dans l’Agenda eu Tableau général des observations et des recherches dont les résultats doivent servir de base à la théorie de la terre, fruit précieux de la longue expérience de l’auteur, il recommande de « constater s’il y a des coquilages fossiles qui se trouvent dans les montagnes les plus anciennes et non dans celles d’une formation plus récente, et classer ainsi, s’il est possible, les âges relatifs et les époques de l’apparition des différentes espèces ; comparer exactement les ossements, les coquillages et les plantes fossiles avec leurs analogues vivants, » etc. (p. 505).