Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/13

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mais le moyen d’y établir un ordre chronologique général leur échappait. Chaque étude se faisait isolément, et l’on ne soupçonnait ni leurs relations, ni les secours qu’elles pouvaient se prêter mutuellement. Elles marchaient comme deux fleuves qui courent parallèlement sans mélanger leurs eaux, mais qui, s’ils viennent à se réunir, voient doubler leur volume, leur rapidité et leur force.

Dès que cette corrélation entre les caractères des végétaux et des animaux et l’ancienneté des couches fut démontrée, le pacte d’alliance fut signé entre les trois règnes, et pour chacun d’eux se révélèrent bientôt des horizons inattendus et des richesses inespérées. Sans cet heureux concours, en effet, la géologie fût restée un champ toujours ouvert aux hypothèses, ou une science bornée à des faits de détail, car la stratigraphie seule, quoique la base fondamentale de la géologie, eût été impuissante pour une reconstruction théorique complète de l’histoire de la terre. De son côté, l’étude des fossiles n’aurait fait qu’augmenter le nombre des familles, des genres et des espèces connus à l’état vivant, comblant çà et là quelques lacunes dans la série des êtres ; l’histoire de chaque règne fût donc restée toujours isolée, sans lien commun, tandis qu’aujourd’hui la géologie, la zoologie et la botanique apportent chacune le tribut de leurs matériaux au grand édifice de la nature, et la paléontologie, en les reliant entre eux, vient en poser le couronnement.

Cette dernière science met ainsi à la disposition du géologue le seul chronomètre qui puisse lui servir à mesurer les âges de la terre. Aucun des moyens que l’homme a inventés pour évaluer la durée du temps ne pouvait s’appliquer