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Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/139

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tant contribué à donner à ces corps une importance qu’on ne leur soupçonnait pas. De Luc a critiqué aussi avec raison le nom de Discolithe, que nous avons vu proposé par Fortis, mais c’est à tort qu’il blâme ce dernier d’avoir admis que les tours de la spire et les cloisons se reproduisent en relief à la surface de certaines espèces[1].

Dans sa description du mont Voiron, près de Genève[2], de Luc mentionne, sous le nom de Buffonite, un des corps problématiques désignés aujourd’hui sous le nom d’Aptychus ; il attribue, comme de Saussure, les cailloux et les-blocs erratiques de cette montagne aux courants de la mer, courants qui sont ceux du déluge biblique, qu’on ne peut abandonner, dit-il, sans tomber dans de graves erreurs. « Il est peu de systèmes de ce genre, ajoute-t-il (p. 425), où les erreurs soient plus multipliées que dans celui de M. de Buffon, et cependant c’est celui qui, dans son temps, obtint le plus de crédit, et qui nuit le plus à la confiance qu’on doit au récit de Moïse dans son histoire du déluge. »

Sans doute le génie de Buffon est trop au-dessus des attaques de de Luc pour avoir besoin d’être défendu ; mais nous ne pouvons nous empêcher de protester en passant contre cette partialité, ce dénigrement si voisin de l’envie que le naturaliste physicien de Genève manifeste à l’égard du savant français toutes les fois qu’il en trouve l’occasion. Si toutes les idées théoriques de Buffon ne sont pas irréprochables, comme nous le verrons, leur simplicité et leur grandeur imposante ne font que mieux ressortir le caractère compliqué, tourmenté, des fantastiques élucubrations que de Luc cherche toujours à mettre à l’abri sous l’égide protectrice de la Bible. Le passage suivant, extrait de la 14e lettre sur les os fossiles et sur les dernières opérations des anciennes mers, suffira pour donner une idée du goût de sa critique. « On a bien peint, dit-t-il, M. de Buffon en le

  1. Journal de physique, vol. XLVIII, p. 225, 1798.
  2. Ibid, vol. L, p. 420, 1800. ─ Mém. lu à la Société des naturalistes génevois le 21 avril 1796.