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d’Huitres fossiles. En 1745, les jésuites Cardiel et Quiroga remarquèrent, dans cette même partie de la Patagonie, que les pierres étaient presque entièrement composées d’Huitres pétrifiées [1].

Dans la Cordillère Bolivienne, vers le 20e latitude, Alonzo Barba[2] rencontra, sur le chemin de Potosi à Oronesta, des pierres remplies de coquilles de toutes les formes et de toutes les dimensions. En 1748, don Antonio de Ulloa[3] décrit, d’une manière très-détaillée, les fossiles qu’il a observés au sud du Chili, le long de la côte du Pacifique, de Talcaguano à la Conception, jusqu’à la distance de 5 lieues dans les terres. Ils constituent une couche de 4 à 6 mètres d’épaisseur, sans aucun mélange de sable ni de marne, et qui s’élève jusqu’à 100 mètres au-dessus de l’Océan. L’auteur regarde ces coquilles comme identiques avec celles qui vivent encore dans la mer voisine, et il en déduit la preuve du déluge-universel.

Plus au nord, lors de son second voyage en 1761, Ulloa visita les mines de mercure de Guanca-Velica, au Pérou, et y trouva, dans les roches qui avoisinent l’exploitation, des coquilles, et, entre autres, des Pecten, à une altitude de 4330 mètres, circonstance qui, comme nous le dirons, conduisit Buffon à une supposition complètement inadmissible[4]. Ulloa donne, d’ailleurs, les détails les plus circonstanciés sur le gisement de ces fossiles. Il fait observer que les coquilles trouvées dans le banc même qui renferme le mercure n’ont point leur test libre comme celles de la Conception, mais font corps avec la roche. La plupart sont des bivalves de 1 à 4 pouces de diamètre ; les plus petites

  1. Diario de un viage a la costa de la mar Magellanica. Coleccion de Angelis, vol. I, p. 5.
  2. Lib. I, cap. xvii. — Voy. aussi la traduction française d’Ulloa dans ses Noticias americanas, p. 372.
  3. Relacion historica del viage a la America meridional, vol. III, lib. II, cap. vi, p. 324.
  4. La première indication de ce fait parait n’avoir été publiée en Europe qu’en 1768. Voy. Monlet, citant de la Condamine, qui annonce que des cornes d’Ammon ont été trouvées sur les plus hautes montagnes de l’Amérique. (Mem. de l’Académie roy. des sciences pour 1768.)