Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/34

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« Il n’est pas de science, dit G. Cuvier[1], dont l’histoire ne soit utile aux hommes qui la cultivent ; mais l’histoire des sciences naturelles est indispensable aux naturalistes. En effet, les notions dont ces sciences se composent ne sauraient être le résultat de théories faites à priori. Elles sont fondées sur un nombre presque infini de faits qui ne peuvent être connus que par l’observation… La connaissance de l’histoire des sciences est encore utile en ce qu’elle empêche de se consumer en efforts superflus pour reproduire des faits déjà constatés. Enfin il résulte de l’étude de cette histoire deux autres avantages : celui de faire naître des idées nouvelles qui multiplient les connaissances acquises et celui d’enseigner le mode d’investigation qui conduit le plus sûrement aux découvertes. »

« Il n’est jamais inutile, dit de son côté G. B. Brocchi[2], de montrer quels sont les divers chemins parcourus pour arriver à la connaissance de la nature. Découvrir et signaler les erreurs qui se sont introduites, les combattre pour les remplacer par la vérité, tel est le but de l’histoire des sciences. »

Ces opinions de deux grands naturalistes, l’un et l’autre éminemment pratiques et suivant des directions différentes, suffiraient sans doute pour justifier notre plan ; mais il y a, outre ce point de vue utile et d’intérêt historique, un sentiment d’équité qui ne doit pas nous permettre de passer sous silence le mérite de ceux qui en nous précédant ont tracé et aplani la route. D’un autre côté, le temps consacré à apprécier les œuvres des autres n’est point, du temps perdu, et l’esprit qui n’est pas mûri par la méditation de l’histoire est souvent partial, même à son insu. Enfin, cette étude n’aurait-elle encore pour résultat que de nous rendre plus réservés dans nos propres conclusions, qu’elle serait encore digne de toute notre attention.

  1. Histoire des sciences naturelles, professé au Collège de France t. I, p. 1, 1841
  2. Conchiologia fossile subappennina, vol. I, p. 48, éd. de 1843