Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/342

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de la nature, et en même temps un des plus universels ; il tient à la génération la plus immense peut-être qu’elle ait, enfantée dans sa première fécondité. Cette génération est celle des coquillages, des madrépores, des coraux et de toutes les espèces qui filtrent le suc pierreux, et produisent la matière calcaire sans que nul autre agent, nulle autre puissance particulière de la nature puisse ou ait pu former cette substance. La multiplication de ces animaux à coquilles est si prodigieuse qu’en s’amoncelant ils élèvent encore aujourd’hui en mille endroits des récifs, des bancs, des hauts-fonds, qui sont les sommets des collines sous-marines, dont la base et la masse sont également formées de l’entassement de leurs dépouilles. Et combien dut être encore plus immense le nombre de ces ouvriers du vieil Océan dans le fond de la mer universelle, lorsqu’elle saisit tous les principes de fécondité répandus sur le globe animé de sa première chaleur ! »

Si l’on y ajoute encore les restes de rhizopodes et de bryozoaires, dont Buffon ne s’occupait pas, on trouvera ses conclusions d’une grande justesse et de plus en plus confirmées par les études modernes. Il cite une multitude de localités déjà connues où des fossiles ont été observés et recueillis dans les diverses parties du globe, et en particulier ceux qui abondent aux environs de Paris, dans un rayon de 25 à 30 lieues : telles sont entre autres les localités d’Issy, de Sèvres, de Marly, de Passy, de Villers-Cotterets, de Soissons, du mont Ganelon près de Compiègne, de Courtagnon, de Chaumont, de Cassel en Flandre, etc. ; puis, au delà, les environs de Maestricht, la Bourgogne, les Alpes, les Pyrénées, la Calabre, les diverses parties de l’Allemagne, la Hongrie, etc. Il cite les poissons fossiles du Liban, du Mansfeld, d’Œningen, les pierres lenticulaires des pyramides d’Égypte, les fossiles des environs de Tocat, dans la province de Pont, etc. « En voilà assez, dit-il en terminant, pour prouver qu’en effet on trouve des coquilles de mer, des poissons pétrifiés et d’autres productions marines presque dans tous les lieux où on a voulu les chercher, et qu’ils y sont en prodigieuse quantité. »