Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/343

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En 1746, il parut à Paris une lettre sur les changements arrivés au globe terrestre. Cette lettre, écrite en italien et sans nom d’auteur, n’était qu’une plaisanterie dénuée d’importance, dans laquelle les poissons pétrifiés n’étaient que des poissons rejetés de la table des Romains, parce qu’ils n’étaient pas frais, et les coquilles trouvées dans les pierres avaient été laissées par des pèlerins revenant de la Terre sainte. Buffon traita ces plaisanteries comme elles le méritaient ; mais on doit regretter qu’après. avoir appris que la lettre était de Voltaire, il ait abaissé la dignité de la science jusqu’à s’excuser en quelque sorte vis-à-vis de ce dernier de la critique si bien motivée qu’il s’était permise à son égard (p. 255).

Le grand naturaliste de Montbart n’avait pas étudié ni comparé avec assez de soin les débris organiques dont il parle, pour avoir une opinion bien différente de celle qui régnait de son temps, savoir, que la plupart de ces débris provenaient d’espèces qui avaient encore leurs analogues vivants, que les cornes d’Ammon existaient peut-être dans les profondeurs des mers, etc. ; mais il est moins affirmatif pour les grandes espèces de mammifères de Sibérie, d’Irlande et du Canada, qu’il avait probablement mieux étudiées.

Plus tard[1], revenant sur ce sujet, nous le voyons beaucoup plus explicite et émettre des opinions opposées. « J’ai, dit-il, deux observations essentielles à faire : la première, c’est que les cornes d’Ammon, qui paraissent faire un genre plutôt qu’une espèce dans la classe des animaux à coquilles, tant elles sont différentes les unes des autres par la forme et la grandeur, sont réellement les dépouilles d’autant d’espèces qui ont péri et ne subsistent plus… Il en est de même des Bélemnites, des pierres lenticulaires et de quantité d’autres coquillages. dont on ne retrouve point aujourd’hui les analogues vivants dans aucune région de la mer, quoiqu’elles

  1. Le passage suivant est emprunté aux Suppléments, dont la publication est postérieure à celle des Époques de la nature mais nous le plaçons ici, à cause du sujet auquel il se rapporte.