Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais, considéré à un autre point de vue très-essentiel aussi, celui de la distribution des corps organisés fossiles dans les différentes couches, hâtons-nous de reconnaître que le travail de Cuvier et de Brongniart ouvrait à la science, dans notre pays, une voie à peine indiquée, et lui imprimait en même temps une marche plus sûre, semblable à celle que W. Smith suivait de l’autre côté du détroit, et en s’appuyant sur le même principe. On ne peut trop insister sur ce service rendu par les auteurs de l’Essai sur la géographie minéralogique des environs de Paris, et nous verrons même l’un d’eux dépasser dans cette direction, par la hardiesse de ses vues, tout ce que l’on avait fait jusque-là dans le reste de l’Europe.

Dans les travaux exécutés en commun, il est souvent difficile d’apprécier exactement la part qui revient à chaque auteur, et c’est même un sujet assez délicat à traiter pour que la critique s’en abstienne ; mais ici la tâche est très-simplifiée, car l’un d’eux a été, en quelque sorte, au-devant de cette recherche. Nous verrons, en effet, plus loin, que Cuvier, en rendant une éclatante justice à son savant collaborateur, a reconnu que la plus grande part de leur ouvrage revenait à Alex. Brongniart. Tout nous prouve, en effet, que ce dernier est l’auteur du principe dont il fit, quelques années après, de si remarquables applications.

Maintenant, devons-nous chercher à qui appartient la priorité de ce principe, appliqué dans le même temps en France et en Angleterre ? Nous croyons à la simultanéité et à l’indépendance de la découverte des deux côtés du détroit. Tout semblait en effet préparé pour que les germes depuis longtemps semés se développassent simultanément sur plusieurs points. C’est ainsi que le calcul intégral prit naissance en Allemagne pendant que la méthode des fluxions voyait le jour sur les bords de la Tamise, et que Leibnitz eut aux yeux de la postérité la même gloire que Newton ; de même la relation des faunes avec l’ancienneté des couches doit, suivant nous, faire autant d’honneur à Alex. Brongniart qu’à W. Smith qui eurent aussi pour précurseur l’abbé Giraud-Soulavie.

Dans l’intervalle des deux publications que nous venons de