Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/446

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pas pour la classification générale. Mais les genres y prennent leur rang d’une manière qui laissait quelquefois à désirer quant à leurs vrais rapports naturels. Ainsi, comme nous venons de le dire, les Hippurites sont placés parmi les céphalopodes ou plutôt les coquilles univalves multiloculaires, comme il les appelle, avec certains rhizopodes, tandis que la Carinaire et l’Argonaute sont réunis aux gastéropodes ou avec les coquilles univalves à ouverture entière sans canal à la base. Les céphalopodes à coquilles polythalames se trouvent aussi placés à une très-grande. distance des céphalopodes nus. Ces classements peu naturels furent d’ailleurs en partie modifiés dans ses travaux subséquents.

L’Histoire naturelle des animaux sans vertèbres[1] a beaucoup

  1. 7 vol. in-8, 1815-1822. ─ Nous reviendrons ici sur un fait assez important qui, malgré des démentis répétés, vient d’être encore reproduit comme vrai : c’est la prétendue existence à l’état vivant du Cerithium giganteum, la coquille la plus remarquable du calcaire grossier du bassin de la Seine. De Lamarck (Hist. natur. des anim. sans vert., vol. VII, p. 65 ; 1822) raconte toute une histoire sur l’échantillon unique qu’il avait acquis de Denys de Montfort comme provenant des mers de la Nouvelle-Hollande. Mais M. Deshayes (Descript. des coquilles foss. des env. de Paris, vol. II, p. 300) soupçonna avec beaucoup de probabilité qu’il y avait eu de la part de Montfort une supercherie dont de Lamarck aurait été dupe. Plus tard, le témoignage de M. Kiener vint le confirmer dans sa supposition (2o éd. de l’Hist. natur. des anim. sans vert., vol. II, p. 283, Nota), mais il se borna à consigner cette observation dans une note, maintint le C. giganteum en tête de la liste des espèces vivantes et en reproduisit encore la description parmi les espèces fossiles. Malgré ces dénégations qui auraient dû mettre en garde l’auteur du Manuel de conchyliologie, nous voyons M. Chenu, en donnant une figure de l’échantillon en question (vol. I, 2o partie, p. 280, 281, fig. 1884 ; 1860), reproduire textuellement la note écrite de la main de de Lamarck avec la date du 7 janvier 1811, note qui accompagne l’échantillon aujourd’hui dans la collection de M. Delessert, et il ajoute que c’est pour dissiper les doutes souvent manifestés à ce sujet. Mais cette reproduction tendant, au contraire, à confirmer et à perpétuer l’erreur, nous avons dù chercher de nouveau à la détruire. À cet effet, M. P. Fischer, attaché au Muséum, a examiné l’échantillon, objet de la discussion, et a constaté une circonstance qui met la supercherie hors de doute : c’est qu’à sa surface on voit adhérer, comme dans la plupart des individus de Grignon et de Comtagnon, des valves de l’Ostrea flabellula, partout si fréquente dans le calcaire grossier. L’individu qui, d’ailleurs, paraît avoir subi une préparation, comme on l’avait remarqué, était déjà roulé lorsque les Huîtres s’y sont fixées.