Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/490

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sur aucune donnée stratigraphique ; aucune d’elles n’est caractérisée par des fossiles qui lui soient propres, sauf la seconde, qui comprend à elle seule toutes nos formations secondaires, comme l’admettaient les anciens oryctographes et Buffon après eux. Tout le reste est mêlé, confondu dans une phraséologie diffuse, dont il est impossible de tirer rien de net sur la nature ni l’origine des choses. Enfin, l’émersion graduelle des continents n’est expliquée que par l’abaissement successif des mers, absolument comme dans la théorie de de Maillet, écrite un siècle auparavant et renouvelée par Buffon.

On ne doit point s’étonner d’après cela que de la Métherie n’admette pas que les eaux douces et marines se soient succédé plusieurs fois les unes aux autres sur un même point (vol. III, p. 82), comme on l’avait si péremptoirement démontré aux environs mêmes de Paris. Pour lui la science positive ou d’observation, aussi bien que la théorie de la terre, n’avait donc point marché depuis cent ans, et cependant il n’ignorait pas les recherches faites dans cet intervalle, les vues plus justes émises par ses contemporains ; mais ses idées préconçues sur la cristallisation des masses terrestres, idées qu’il appliquait à presque, toutes les roches indistinctement, jointes à l’absence d’études pratiques suivies, ne lui permettaient pas d’apprécier la valeur des principes déjà développés autour de lui, principes qui, à la vérité, n’avaient pas encore, ainsi qu’on l’a dit, pénétré bien avant dans l’opinion générale des naturalistes français.

On peut se faire une idée de la manière d’observer de de la Métherie, en lisant sa note sur un voyage minéralogique fait en 1802 de Paris à Moulins et en Beaujolais[1] ; il y décrit minutieusement 74 espèces de roches ou de minéraux sans la plus légère indication de leurs rapports stratigraphiques, si ce n’est qu’il place toute cette partie de la France dans le terrain secondaire. Dans ses promenades faites avec ses élèves aux environs de Paris[2], il leur faisait observer que toutes les substances différentes

  1. Journal de phys., vol. LV, p. 129 ; 1802.
  2. Ibid., vol. LXVI, p. 309 ; 1808.