Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/61

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En 1740, Ant. Lazzaro Moro[1] développa un système dans lequel il attribue à des explosions sous-marines fréquemment répétées la formation des montagnes et des plaines ainsi que celle des îles, et combat les hypothèses diluviennes de Burnet et de Woodward. L’apparition des petites îles de Mikro et de Néo-Kaïmeni dans le groupe volcanique de Santorin et les phénomènes qui accompagnèrent la formation du onte Nuovo, près de Naples, semblent avoir servi de point de départ à cette théorie. Suivant l’auteur, le globe fut primitivement entouré d’eau. Le troisième jour de la création, la croûte qui constituait le fond de la mer fut soulevée çà et là, et les montagnes primitives résultèrent de ces mouvements. Leurs roches ne renferment point de fossiles. Plus tard il s’éleva de l’intérieur de la terre des torrents de lave et d’autres substances qui s’accumulèrent au fond de la mer et qui furent soulevés à leur tour par les mêmes agents. Avec ce second phénomène furent apportées diverses substances, telles que le sel, le soufre et le bitume. Par suite, les eaux devinrent salées, les animaux s’y développèrent, la terre se peupla vers le même temps, et les éruptions ignées continuant à se produire donnèrent lieu aux alternances de dépôts sédimentaires et éruptifs que l’on observe, en effet, dans le voisinage des volcans.

Ces idées, malgré leur peu de vraisemblance et le petit nombre de faits qui pouvaient les appuyer, eurent un grand retentissement. L’ouvrage de L. Moro fut traduit en allemand, les recueils scientifiques en donnèrent des extraits dans diverses langues, et en Italie il fut soutenu vivement par le père Generelli, par les savants et les antiquaires.

De son côté, G. Arduino[2] divisa les montagnes du Padouan,

  1. Dei crostacei e degli altri marini corpi che si trovano su i monti, in-4. Venezia, 1740. — Traduc. allem. Leipzig, 1751. — Jena, 1755, etc.
  2. Giorn. di historia naturale del Griselini, 1759. — Nous citons ce recueil d’après quelques bibliographes, mais nous n’avons pu consulter le mémoire original. Ce que nous en disons est puisé dans l’article qu’a publié Desmarest en 1795 (Encyclop. méthod., Géographie, Physique, vol. I an III)