Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 1.djvu/94

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base à toute une science ; mais c’est un de ces livres rares qu’on lit à tous les âges avec intérêt et profit, et qu’on lira dans tous les temps. La pensée et les faits y sont toujours rendus dans un style naturel, simple, concis, sans digressions superflues. On sympathise avec le voyageur ; on le suit avec son savant ami, A. Pictet, au milieu des scènes alpestres qu’il décrit toujours avec une sobriété d’expression qui n’est pas pour cela dénuée de charme ni d’élégance. Aussi, bien que ce soit nous écarter un peu du cadre que nous nous sommes tracé, nous pensons qu’on ne nous saura pas mauvais gré de donner ici un aperçu des recherches géologiques de ce savant, l’une des gloires de son pays et qu’oublient trop souvent aujourd’hui beaucoup de ceux qui repassent incessamment sur ses traces. Nous y sommes d’autant plus engagé que, d’une part, nous ne connaissons encore aucune analyse raisonnée de la partie géologique de ce grand travail, et que, de l’autre, son étendue doit empêcher bien des personnes d’en entreprendre la lecture.

Condenser dans quelques pages le résultat de trente années d’étude n’était pas une tâche sans quelques difficultés, et ces difficultés, dues à la grande quantité des matériaux accumulés dans quatre volumes in-4o, sont encore augmentées par la disposition même de ceux-ci. L’ouvrage se compose d’un certain nombre d’itinéraires de voyages, dirigés tantôt sur un point, tantôt sur un autre, et sans vues générales bien arrêtées. En, outre, les opinions théoriques exprimées dans les deux premiers volumes sont assez différentes de celles qu’on trouve dans les deux derniers, publiés dix ans après, car de Saussure observait et écrivait sans parti pris, sans idées préconçues, sans entêtement, et modifiait volontiers ses opinions au fur et à mesure que les faits lui en démontraient le peu de fondement. C’était le propre de son caractère, ce n’en était pas sans doute le côté le moins estimable, et, à cet égard, il est encore un très-bon modèle à suivre.

Pour obvier à l’inconvénient d’une distribution des matières si peu méthodique, nous grouperons les observations du Voyage dans les Alpes qui se rapportent à notre sujet, en