Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/108

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ses droits. Cependant quelques traces de ces migrations sont restées sur les montagnes élevées ; et bien plus, certaines espèces du Nord, qui durant cette pérégrination avaient imprudemment dépassé l’équateur, lors du retour de la chaleur, n’ayant pu revenir sur leurs pas, ont continué leur voyage vers le Sud, où elles devaient trouver leur température originaire, ou mieux celle de leur première patrie. C’est pour cela, dit M. Darwin (p. 534), que quarante-six espèces de phanérogames de la Terre de Feu existent en Europe et dans l’Amérique du Nord, où elles sont restées en passant ; que sur les hautes montagnes de l’Amérique équatoriale se montrent une multitude d’espèces particulières appartenant à des genres européens ; que sur les montagnes de l’Australie méridionale il y a des espèces européennes, ainsi que dans les basses terres, et que de nombreux genres européens de ce même continent austral n’ont nulle part leurs analogues dans les régions torrides intermédiaires. De plus, il y a des espèces identiques à la Terre de Kerguelen, à la Nouvelle-Zélande et à la Terre de Feu. D’ailleurs ces formes ou espèces septentrionales découvertes dans la partie sud de l’hémisphère austral ou sur les montagnes des régions équatoriales ne sont point arctiques, mais bien celles des contrées tempérées de l’hémisphère nord.

C’est sans doute là une fort élégante application de géographie botanique, et nous ne demanderions pas mieux que d’y croire ; mais, lorsqu’on cherche à se rendre compte des circonstances météorologiques diverses et des phénomènes géologiques de toutes sortes qui ont en lieu entre la fin de l’époque tertiaire supérieure et l’époque actuelle, il est difficile d’admettre un résultat aussi séduisant par la simplicité de sa cause première. Les choses évidemment ne se sont pas passées ainsi. Nous ne voyons d’ailleurs aucune bonne raison pour qu’il ne puisse pas exister naturellement, sur divers points de la terre, dans des conditions climatologiques comparables, un certain nombre de formes qui auraient le privilège d’être cosmopolites.

Ces divers sujets, loin d’être en rapport avec l’hypothèse de