Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/132

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de l’un ni de l’autre. Des abaissements et des soulèvements limités à telle ou telle région, des courants marins changeant de direction, amenant des changements dans la température, le climat, etc., n’ont jamais pu occasionner des modifications dans le même moment et dans le même sens partout à la fois. Il y aurait, entre la cause et l’effet, non-seulement une disproportion qui frappe au premier abord, mais encore une impossibilité réelle, car l’harmonie des phénomènes biologiques successifs ne peut résulter d’une perturbation physique accidentelle, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. Il faut donc en revenir à la première loi inhérente à la nature de l’organisme, posée par Bronn lui-même, et en vertu de laquelle s’opèrent ou se sont opérés tous les changements généraux et concordants que nous y observons.

Les considérations précédentes nous amènent à celle-ci : la paléontologie offre-t-elle-quelques données pour juger si les espèces animales et végétales descendent chacune d’un seul aïeul, d’un couple d’aïeux, ou bien le type d’une espèce a-t-il été créé par beaucoup d’individus à la fois ? Ici les faits semblent appuyer cette idée que la force naturelle générale qui s’est manifestée par les êtres créés a produit des individus semblables et d’une même espèce, partout où la même cause productrice et les mêmes conditions de vie ont pu se manifester simultanément. Il semble en effet que, dans la première supposition, une multitude de créations auraient avorté ; elles auraient été détruites avant d’avoir pu se produire et multiplier assez pour échapper aux causes de destruction incessantes. Ainsi, les premiers herbivores dans chaque classe auraient été détruits par les premiers carnassiers, la première souris aurait été mangée par le premier chat, le premier lapin par le premier chien, le premier passereau par le premier faucon, et ainsi de suite.

Chaque espèce, comme le dit Bronn[1], doit donc, suivant toute probabilité, son origine à un plus ou moins grand nombre

  1. Loc cit., p. 656.