Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/143

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« abandonnée[1]. On sait de plus que, pour ce savant, aucune espèce fossile, même des formations tertiaires les moins anciennes, n’aurait son identique dans les mers actuelles[2]. Ainsi la méthode serait non-seulement artificielle, mais encore établie sur une base absolument fausse. Nous sommes loin d’admettre des assertions aussi absolues, et nous ne les reproduisons que pour faire voir le peu de solidité de certains principes sur lesquels on voudrait asseoir la géologie elle-même[3].

Ces classifications zoologiques, lorsqu’elles sont générales, ont encore des inconvénients plus graves, c’est que, l’importance d’un système de couches ne dépendant ni de sa puissance ni de son extension géographique, les divers termes de la série des terrains sont tous égaux pour l’œil, et disposés en colonne linéaire continue. Par conséquent, comme nous le disions tout à l’heure, les roches sans fossiles connus y sont omises jusqu’à ce qu’on y en ait découvert. On exagère ensuite l’importance de petites couches ou de petites localités chères aux collecteurs de fossiles, et l’on érige en étage un banc de quelques mètres d’épaisseur, connu seulement sur le territoire de quelques communes, et qui représente, dans la série linéaire, une unité de même valeur qu’un système de strates de 10,000 mètres de puissance répandus dans les cinq parties du globe. La classification d’Alcide d’Orbigny a tous les inconvénients inhérents à ce principe. Celle de G. Bronn, quoique beaucoup plus modeste, n’échappe pas non plus tout à fait à la critique. Ces classifications sont comme des romans historiques pour lesquels les auteurs empruntent à l’histoire les faits qui leur conviennent et y ajoutent ce que leur propre fonds leur fournit.

Ces deux premières sortes de classification n’ont jamais, on

  1. Iconographie des coquilles tertiaires réputées identiques avec des espèces vivantes. Nouv. Mém. de la Soc. helv. sc. nat., vol. VII, p. 5. Neuchâtel, 1845.
  2. Neu. Jahrb. 1843, p. 88.
  3. Hist. des progrès de la Géologie, vol. II, p. 520, 1849.