Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/149

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âge nous offrent des discordances à divers niveaux, comme dans l’ouest de l’Europe, qu’elles soient horizontales comme en Russie, ou bien redressées, plissées, tourmentées de mille manières, comme en Belgique et dans les Iles Britanniques, les changements survenus dans les animaux, depuis la faune silurienne jusqu’aux derniers sédiments carbonifères, n’ont été ni plus lents ni plus rapides ; toujours et partout la nature organique semble avoir marché du même pas, insouciante en quelque sorte de ces accidents de l’écorce terrestre qui, quelque grands qu’ils nous paraissent, y ont été cependant trop faibles pour l’atteindre, trop limités pour troubler ses lois.

« Si, d’une part, les données géométriques, accumulées chaque jour, puis fécondées et systématisées par de sérieuses méditations et d’élégantes formules, viennent ouvrir un nouvel et vaste horizon aux spéculations les plus élevées sur la physique du globe, de l’autre les données paléontologiques se multiplient également, et, sans suivre une direction parallèle et concordante, viennent prouver l’indépendance générale des deux ordres de phénomènes. Or les résultats paléontologiques paraissent être ceux dont la constance et l’universalité ont le plus contribué à établir la relation des dépôts dans l’espace et leurs différences dans le temps.

« Sans doute des soulèvements et des abaissements fort lents de portions plus ou moins étendues du fond des mers, des changements de direction des courants, modifiant la température et les sédiments, ainsi que d’autres causes locales extérieures qui agissent encore sous nos yeux, quoique difficilement appréciables, vu le peu de durée des termes de comparaison dont nous disposons, ont apporté des changements corrélatifs dans les êtres organisés ; mais, s’il n’y avait pas eu un principe indépendant de ces mêmes causes séculaires, il en serait résulté, comme des causes instantanées dont nous venons de parler, que les familles, les genres, les espèces même auraient pu se perpétuer indéfiniment