Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/211

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La densité de l’eau à la surface est moindre que celle des grandes profondeurs, et le degré de salure s’accroît dans le même sens. L’eau de la surface contient aussi moins d’air que celle des profondeurs, et la différence peut aller jusqu’à 1/100 du volume total. En outre, les analyses des eaux de la mer Noire, de la Caspienne et de la mer d’Azof montrent que, bien que les sels y soient les mêmes, en proportions en sont différentes. Or ces conditions si diverses de l’eau de mer ont une grande influence sur les associations locales de la vie marine.
Eaux saumâtres.

Sur les bords de toutes les mers, partout où il y a de profondes anfractuosités dans le contour des terres émergées, où les rivières, les torrents et les fleuves apportent leurs eaux, où les marées et bien d’autres causes ont accumulé des bancs de sable, de cailloux, s’avançant au delà de la côte originaire, la composition des eaux éprouve des changements notables. Des lacs d’eau saumâtre se forment ; des lagunes, des estuaires dont l’eau est plus ou moins douce constituent des habitats particuliers pour les mollusques, et où certaines espèces purement marines s’établissent aussi, en montrant la faculté qu’elles ont de s’adapter à de nouvelles conditions. On voit ainsi jusqu’où peut s’étendre le changement de leurs habitudes sans les détruire, et qu’il est essentiel de prendre ces faits en considération dans l’examen des faunes géologiques.
Faune des eaux saumâtres.

La faune d’eau saumâtre des mers d’Europe que nous étudions varie beaucoup, suivant la région à laquelle elle appartient. Dans la région celtique, par exemple, les Rissoa, Assiminia, Neritina, Conovulus et Truncatella préfèrent habituellement les embouchures des rivières qui ont des estuaires ou des marais bas le long de la côte. La Littorina littorea s’avance bien au delà de l’eau pure de la mer, mais paraît en souffrir. Le Limnea pereger s’aventure plus bas. Les Scrobicularia et la Mactra solida sont les coquilles d’estuaires les plus caractéristiques ; elles y atteignent leur maximum de développement. Le Cardium edule est commun ainsi que la Mya arenacea, mais tous deux de petites dimensions. Le C. edule, rencontré dans un lac d’eau saumâtre de l’île d’Arran, avait une coquille mince,