Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/343

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on trouve le calcaire solide qui constitue la base des montagnes et de la plupart des îles. L’accroissement des bancs serait plutôt le résultat du travail de l’animal en particulier et de sa famille que de la superposition de couches successives dues à plusieurs générations. De même que les plantes et les bois morts, les polypiers n’augmentent pas la masse de toute leur hauteur, comme si de nouveaux animaux croissaient sur les anciens, mais seulement de quelques pieds de détritus qui représentent à la fois des milliers d’années écoulées et des milliers de générations éteintes. » D’après cette manière de voir, les polypiers contribueraient en quelque sorte davantage à protéger et à couvrir les îles qu’à les élever et à les étendre.

De plus, les coraux vivants ne se développeraient pas au milieu des branches ou parmi d’autres coraux vivants, et cette répulsion, ajoute M. Ehrenberg, serait opposée à cette opinion que nous venons de voir soutenue par d’éminents naturalistes, que des générations accumulées constituent les îles de l’océan Indien, car rien de semblable n’a lieu dans la mer Rouge. Aucune de ses îles ne serait dans une période d’accroissement réel ; toutes, au contraire, tendent à se détruire, et les. coraux par leur revêtement les protègent contre cette dégradation. Les bancs de polypiers ne sont que l’agrégation de masses détruites après la mort des animaux ; de sorte que dans ce bassin on ne pourrait constater nulle part que le travail des polypes ait relevé le fond, obstrué des passes, etc.

Si maintenant nous comparons l’immensité de l’espace que comprennent les recherches des naturalistes et des navigateurs français, anglais et américains, la variété des circonstances qu’ils ont pu apprécier, depuis la côte orientale de l’Afrique jusqu’aux plages du nouveau monde, la grandeur de l’échelle sur laquelle s’y opère la construction des récifs et l’énergie vitale dont paraissent être doués ces milliards de petits animaux luttant sans cesse contre les flots d’un océan sans bornes et sans fond ; si l’on compare, disons-nous, ces diverses circonstances avec celles du petit bassin resserré de la mer Rouge, on sera porté à regarder les résultats de ces dernières comme une