Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/41

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à une bien faible hauteur au-dessus de son niveau ou dans des eaux peu profondes qui n’en différaient guère.
Premières eaux douce ou saumâtres.

La première condition pour la permanence des eaux douces était donc l’existence de surfaces émergées, assez étendues assez élevées, pour que celles qui provenaient de la condensation des vapeurs aqueuses de l’atmosphère pussent s’y conserver dans des dépressions sans communication avec l’océan, et la seconde une température assez basse pour qu’il ne s’y produisit plus de vaporisation complète.

Il est probable aussi que dans les premiers temps les vapeurs aqueuses entraînaient une certaine quantité de substances étrangères, et ce ne fut qu’après une succession assez nombreuse de vaporisations et de condensations que l’eau se trouva dégagée de ces substances et fut tout à fait douce, de saumâtre qu’elle devait être d’abord. Ce ne fut même que lorsque l’atmosphère eut acquis à peu près la composition que nous lui voyons aujourd’hui, que les vapeurs aqueuses condensées devinrent réellement douces.
Conséquences de l’existence des eaux douces.

Les conditions nécessaires à l’existence permanente des eaux douces paraissent ne s’être réalisées que déjà assez tard dans l’histoire de la terre, car ce n’est qu’à l’époque carbonifère que nous en observons les effets avec certitude, et sur une grande échelle. La végétation de cette époque, d’ailleurs d’une immense durée, dénote une température comparativement encore élevée, une atmosphère humide dans laquelle nous avons supposé une proportion d’acide carbonique de 0,05 à 0,08 de son volume, et un sol également humide, presque au niveau de la mer, au moins dans beaucoup de cas. Cette végétation, que nous voyons s’être étendue du 80° lat. au 35° sans qu’elle se soit prolongée au delà, dans chaque hémisphère, jusque entre les tropiques, est un des grands phénomènes organiques de l’histoire de la terre, phénomène qui ne s’est jamais reproduit depuis avec la même généralité ni avec les mêmes caractères. Il a donc fallu, pour qu’il se manifestât, un concours de circonstances bien particulier dans les conditions physiques de la surface de notre planète.