Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/55

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existe d’espèces primitives et perpétuelles, quot diversæ formæ seu structuræ hodiernum occurrunt, chacune des formes actuelles dérivant d’une de celles que l’être infini a initialement produites et qui ont subsisté à travers les temps, toujours semblables à elles-mêmes, plures et sibi semper similes. Mais plus tard Linné semble avoir modifié profondément ses idées lorsqu’il en vient à soupçonner que toutes les espèces d’un même genre auraient à l’origine constitué une seule espèce ; ab initio unam constituerint speciem[1].
Bacon.

L’idée du changement des espèces, les unes dans les autres de même que celle de leur fixité, remonte assez haut dans l’antiquité. On la retrouve dans les préceptes de l’école ionienne et elle se rattache plus tard aux transmutations des livres hermétiques. Elle a été surtout posée dans les temps modernes avec une grande hardiesse par Bacon[2], et malgré le ridicule que les naturalistes ont jeté sur les élucubrations fantastiques de de Maillet[3], dont ils ont méconnu l’esprit et l’intention, il faudra bien que les partisans de la variabilité illimitée, assez nombreux de nos jours, l’acceptent comme leur véritable précurseur.
Buffon.

L’espèce, dit Buffon, est une succession constante d’individus semblables et qui se reproduisent, et le caractère de l’espèce c’est la fécondité continue. C’est sans doute la définition la plus profonde que l’on ait donnée jusque-là, mais dont le second terme n’implique pas nécessairement le premier. Aussi l’illustre auteur, à partir de 1753, époque à laquelle parut le premier volume de l’Histoire naturelle où il se prononce pour l’immutabilité des espèces, partage d’abord les vues de Linné dans ceux publiés en 1755 et 1756, puis en 1761 et 1766 semble pencher vers la variabilité des espèces, pour s’arrêter

  1. Nous renverrons, pour plus de détails sur ce sujet, l’ouvrage déjà cité d’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, vol. II, p. 373-383. — Voy. aussi Gérard, art. Espèce, du Dictionnaire universel d’histoire naturelle, vol. V, p. 430 ; 1844 ; — de Quatrefages, Cours d’anthropologie, le journal la Science, 1856, p. 589.
  2. Sylva sylvarum or a natural history, cent. VI, et Nova Atlantis.
  3. Voy. antè, première partie, p. 266.