Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/594

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L’hypothèse de Straton est bien connue[1]. Il suppose que la Méditerranée et le Pont-Euxin étaient sans communication, l’une avec l’Atlantique par le détroit de Gadès, l’autre avec la Propontide par celui de Byzance. Suivant lui, les sédiments apportés par les fleuves déterminent, par leur accumulation au fond des mers, les changements observés dans leur niveau et occasionnent la rupture des isthmes, tels que ceux de Gadès et de Byzance. La banquette sous-marine qui existerait, entre l’Europe et l’Afrique serait la preuve de sa supposition, comme les coquilles et d’autres faits signalés autour du temple de Jupiter Ammon en Libye.

Les changements survenus dans la disposition des terres et des eaux, suivant Straton, sont bien admis par Strabon, mais celui-ci rejette l’explication de son prédécesseur. Les sédiments des rivières, au lieu de s’étendre sur tout le fond des mers, de manière à en relever le niveau, se déposent, au contraire, dans le voisinage de leur embouchure, et contribuent peu à peu à augmenter la surface des continents par la formation des deltas. Les motifs sur lesquels s’appuie le géographe d’Amasia sont judicieux et instructifs. C’est au mouvement propre que la mer, qui contribuait à sa purification et que les anciens appelaient la respiration de la mer, que Strabon attribue la cause de l’impossibilité pour les sédiments de tomber et de s’étendre sur son fond, et à cette occasion il développe sa théorie des soulèvements.

Strabon qui est vulcaniste, comme on dirait aujourd’hui, suppose que le fond des mers éprouve de temps en temps des soulèvements et des abaissements, non par suite du dépôt des sédiments apportés par les fleuves, mais occasionnés par les forces ignées qui agissent au-dessous des mers. La Sicile n’a point été séparée de Rhegium par un tremblement de terre mais a été élevée au-dessus des eaux par les feux souterrains.

La théorie du feu central, telle que la comprenaient les anciens philosophes grecs, ne se retrouve pas dans les fragments

  1. Von Hoff et de Humboldt, Ansichten der Natur.