ferme une idée complète, exprimée avec beaucoup de grâce, et
qu’il marque bien la différence du style et des principes du fils,
et du père. Nous regrettons cependant d’y retrouver encore une
invocation aux grands phénomènes cosmiques, ce qui n’était
plus permis en 1856. Ainsi, pour Isidore Geoffroy Saint-Hilaire,
aucune modification n’était alors admise dans l’espèce sans l’intervention
de causes physiques extérieures. Toute espèce porte
en soi le principe de sa fixité et de sa perpétuité. Il semble, en
outre, qu’aucune loi n’ait encore été entrevue, présidant à la
succession des êtres organisés dans le temps, et, cependant,
déjà plusieurs jalons avaient été posés dans cette direction tant
en France qu’à l’étranger.
De la variété limité.
Si l’on s’en tenait au passage que nous venons de citer, on ne
pourrait croire que l’auteur, désertant la cause paternelle, est
passé dans le camp de ses adversaires ; mais il n’en est rien, et
les événements géologiques, qui sont toujours pour les partisans
de la mutabilité des êtres le Deus ex machina, vont lui
servir de base pour développer ce qu’il appelle la théorie de la
variété limitée de l’espèce ; cette manière de voir, déjà émise
par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire à diverses reprises depuis
1850, se trouve résumée dans les paragraphes suivants de son
damier ouvrage[1] :
Exposition des principes.
« I Les caractères des espèces ne sont ni absolument fixes, comme plusieurs l’ont dit, ni surtout indéfiniment variables, comme d’autres l’ont soutenu. Ils sont fixes pour chaque espèce tant qu’elle se perpétue au milieu des mêmes circonstances. Ils se modifient si les circonstances ambiantes viennent à changer.
« II. Dans ce dernier cas, les caractères nouveaux de l’espèce sont, pour ainsi dire, la résultante de deux forces contraires : l’une, modificatrice, est l’influence des nouvelles circonstances ambiantes ; l’autre, conservatrice du type, est la tendance héréditaire à reproduire les mêmes caractères de génération
- ↑ Histoire naturelle générale des règnes inorganiques, vol. II, 2e part., p. 431 ; 1859.