Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/64

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changements d’état, un peu plus tard ou un peu plus tôt, selon la rapidité du cours de la vie, après des années, des jours, des heures, il cesse de vivre. La mort est la conséquence même du phénomène de la vie individuelle.

« Les espèces aussi périssent, et le sol qui nous porte est plein de ruines auxquelles les espèces actuelles pourront un jour ajouter les leurs. Mais, pour qu’il en soit ainsi, il ne faudra rien moins que l’intervention d’un de ces grands phénomènes cosmiques qui, de loin en loin, viennent changer la face de notre planète ; car l’espèce, dans des conditions qui restent les mêmes, tend à rester aussi indéfiniment la même. Le mouvement vital, qui dans l’individu se ralentit, puis s’arrête nécessairement de lui-même, est pour elle, si rien ne vient le troubler, uniforme et perpétuel. La reproduction est une continuelle renaissance de l’espèce ; les individus qui meurent y étant sans cesse remplacés par d’autres, ce qu’elle gagne compensant ce qu’elle perd, elle reste toujours composée de sujets jeunes, adultes, vieux, sans qu’elle-même soit jamais, jeune ou vieille. Ni progrès, ni apogée, ni déclin, ni acheminement vers un terme déterminé. Les espèces restent donc indéfiniment ce qu’elles sont, et toujours toutes neuves, comme le dit Buffon ; autant aujourd’hui qu’elles l’étaient il y a trois mille ans. »

« Quand une espèce périt, c’est donc toujours par une cause extérieure. S’il est permis de comparer un des grands faits de l’histoire du monde à un de ses plus petits détails, elle s’éteint comme l’individu frappé dans sa jeunesse et sa force, non comme celui qui s’arrête épuisé au bout de sa carrière.

« La vie de l’espèce diffère donc essentiellement de la vie individuelle par ces deux grands caractères qui dérivent l’un de l’autre : permanence du type, de ce type dont chaque individu, dans son état de perfection organique, est, sous nos yeux, comme un exemplaire vivant ; perpétuité indéfinie d’une existence dont chaque vie individuelle est comme un point dans l’espace, comme un instant dans la durée. »

Nous avons reproduit ce passage en entier, parce qu’il renferme