Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/68

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on n’a pas encore démontré la filiation des espèces dites éteintes avec celles de nos jours, et il semble que c’est par là qu’on aurait dû commencer, ne fût-ce que pour ces grands mammifères restaurés et décrits par Cuvier et ses continuateurs, et sauf à le démontrer ensuite pour toutes les autres classes de vertébrés et d’invertébrés. Mais en fût-on arrivé là, et aucun travail suivi n’a encore été entrepris dans cette direction, que la difficulté serait reculée, mais non résolue. Les naturalistes timides, qui rejetant la fixité de l’espèce, n’osent pas non plus admettre toutes les conséquences des idées de Lamarck, et s’attachent à quelques moyens mixtes pour expliquer la succession des formes organisées, sont toujours arrêtés par la nécessité d’une première espèce on d’un premier type d’où les autres sont dérivés. Qu’importe que les Éléphants et les Rhinocéros actuels descendent des Éléphants et des Rhinocéros quaternaires ? Il a toujours fallu créer le premier à une époque ou à l’autre ; or, il n’est pas plus difficile de concevoir que la nature ait créé plusieurs espèces d’Éléphants et de Rhinocéros, soit en même temps, soit successivement, qu’une seule espèce de chacun de ces genres à la fin de la période tertiaire. Les partisans de la variabilité illimitée nous paraissent être beaucoup plus conséquents.

Le paragraphe XII témoigne d’une absence complète de données sur l’état actuel des connaissances paléontologiques relativement à la distribution des fossiles dans l’intérieur de la terre ; il serait donc superflu de nous y arrêter. Le paragraphe XIII, qui en est la suite, n’est pas plus fondé. Les époques géologiques, telles que les conçoivent les naturalistes qui n’ont point pratiqué la géologie et la paléontologie assez longtemps sur le terrain, sont de pures abstractions de l’esprit, des entités imaginaires qu’ils érigent en axiomes pour le besoin de leurs hypothèses biologiques[1].

  1. Il y a un écueil opposé contre lequel viennent se heurter beaucoup de bons esprits qui, à force de concentrer toutes leurs facultés à constater des différences spécifiques parmi les fossiles d’une classe, d’un ordre, d’une famille, dans un terrain, et les petits faits stratigraphiques d’une localité, n’en sont pas plus aptes à saisir les lois qui régissent l’ensemble.