Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/83

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espèce pour se transformer ; car tous les êtres vivants étant obligés de lutter pour se saisir des places vacantes dans l’économie de la nature, toute espèce qui ne se modifie pas à son avantage, autant que ses concurrentes, doit être presque aussitôt exterminée. »

Ce paragraphe nous paraît être complètement opposé à l’économie générale de la nature dont il y est question. En effet, une espèce étant donnée, on ne voit pas qu’elle soit plus parfaite, plus complète, ni plus belle dans le cours de son existence qu’au commencement. Elle se modifie, d’une manière ou de l’autre, suivant le temps et les lieux, dans des limites que les botanistes et les zoologistes pratiques savent apprécier ; mais ce n’est pas nécessairement dans le sens d’un perfectionnement, d’une plus grande force ou d’une plus grande beauté. L’examen d’une espèce quelconque, observée non pas aujourd’hui, parce que nous ne disposons pas d’assez de siècles de recherches pour cela, mais dans les temps géologiques, montre, au contraire, soit le développement, en quelque sorte spontané, d’un type qui cesse aussi brusquement, soit un développement graduel et une atténuation également graduelle précédant l’extinction de ce type ; or, si le principe était vrai, n’est-ce pas dans les bassins géologiques les mieux étudiés que nous devrions en trouver la confirmation ? De plus, à quelque moment qu’on étudie l’histoire biologique de la terre, on trouve toujours, autant que les circonstances l’ont permis, des êtres forts et des êtres faibles dans des proportions harmoniques d’équilibre ; et dire qu’une espèce qui ne se modifie pas à son avantage autant que ses concurrentes doit être presque aussitôt exterminée, c’est parler en éleveur d’animaux domestiques bien plus qu’en naturaliste philosophe ; car c’est dire que la nature a fait sciemment une chose inutile, créé un être collectif qui n’était pas suffisamment organisé pour se perpétuer ; bien entendu qu’il ne peut être ici question d’individus mal conformés.

M. Darwin trouve, dans les modifications plus ou moins fréquentes des formes et de l’étendue des terres émergées ou immergées, des causes favorables à l’élection de certains types et