Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/84

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à l’extinction de certains autres. Beaucoup de formes inférieures, dit-il, ont dû s’éteindre. S’il en avait été réellement ainsi, il ne devrait rester, depuis longtemps, que des formes choisies, élues, privilégiées par les circonstances ; mais, aujourd’hui comme toujours, et cela dans toutes les classes, il y a des déshérités de M. Darwin, qui ne paraissent pas pour cela s’en porter plus mal, et qui, grands ou petits, forts ou faibles, beaux ou laids, continuent à vivre nonobstant ses proscriptions.

(P. 150.) Il suppose aussi que l’élection naturelle agit lentement, et il ajoute que son action « dépend des places vacantes qui peuvent se présenter dans l’économie de la nature ou qui seraient mieux remplies si les habitants de la contrée subissaient quelques modifications. » Ainsi la loi de conservation des variations favorables et d’élimination des déviations nuisibles doit actuellement attendre, pour manifester son effet, qu’il y ait une place vacante dans la série zoologique ou botanique de la localité, absolument comme se font les nominations aux places vacantes dans nos administrations ; encore M. Darwin n’admet-il pas de surnuméraires.

Mais, continue-t-il, l’action élective est encore plus étroitement subordonnée aux lentes modifications subies par quelques-uns des habitants de la contrée, parce que les relations mutuelles de presque tous les autres en sont troublées. On comprendrait cette perturbation, si le résultat de l’élection était de changer un herbivore en un carnassier, un frugivore en un insectivore, et vice versa, mais une simple altération, comme nous avons vu M. Darwin l’admettre dans l’exemple supposé du Loup, ne semble pas devoir troubler beaucoup les habitudes des autres habitants de la contrée. Il est vrai que dans la phrase suivante l’auteur va beaucoup plus loin dans les conséquences de son hypothèse première. Nous la reproduisons, parce qu’elle est un premier pas, fait au delà de ses prémisses, vers les hypothèses extrêmes de la fin de son ouvrage.(P. 151.) «… Je ne puis concevoir aucune limite à la somme des changements qui peuvent s’effectuer dans le cours successif des âges par le