Page:D’Archiac - Introduction à l’étude de la paléontologie stratigraphique - Tome 2.djvu/91

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dans le combat de la vie sur les formes moins répandues, et conséquemment à les supplanter, parce que celles-ci ne se seront que plus lentement modifiées et perfectionnées. »

Nous ajouterons à une remarque judicieuse du traducteur (p. 252), que l’idée de l’existence du monde biologique, reposant tout entière sur la lutte du fort et du faible et la victoire du premier sur le second, est assez triste en elle-même ; on n’en aperçoit ni le but ni la nécessité, et, comme on l’a déjà dit, elle conduit à un résultat purement imaginaire, puisqu’il existe aujourd’hui certainement tout autant d’êtres faibles et inférieurs dans leur organisation qu’il a pu y en avoir à l’origine et dans tous les temps. Le plan de la nature, pour s’être compliqué avec les âges, pour s’être enrichi de nouveaux termes dans les séries, animales et végétales, n’a pas changé pour cela son mode de procéder, et rien, ni dans l’un ni dans l’autre, ne justifie l’envahissement des types forts sur les faibles, sans quoi ceux-ci n’existeraient plus. En outre, les types forts, restant seuls, auraient ensuite réagi les uns contre les autres comme ils avaient d’abord réagi contre les faibles, et, en vertu du même procédé de domination et d’extinction, tout l’organisme aurait été détruit. Telle est la conséquence absolue d’une hypothèse qui ne se soutient ni en face des faits eux-mêmes ni au point de vue abstrait de la philosophie de la nature.

Au lieu de prendre des exemples directs qui ne devraient pas lui manquer, c’est très-souvent par des suppositions que M. Darwin cherche à faire saisir sa pensée. Ainsi, après avoir supposé des Moutons habitant les montagnes, les collines et les plaines, il dit que ceux des collines doivent disparaître pour laisser la place aux autres qui vivaient dans les deux régions extrêmes, de sorte que « les espèces arrivent assez vite à se définir et à se distinguer les unes des autres pour ne présenter à aucune époque l’inextricable chaos de liens intermédiaires et variables. » (p. 255.)

Ce qui suit relativement à la lenteur des variétés nouvelles à se former, etc., est la répétition de ce qui a déjà été dit : qu’il faut des lacunes produites par des changements de climat et