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Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/120

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tes pour les Lecteurs, nouvelle Peine pour ceux qui cherchent à s’inſtruire, & Surcroit d’Embarras pour quiconque aime à diſcerner la Vérité. On voit ſouvent le même Ecrivain, approuvé par de Grands-Hommes, & blâmé par d’autres : & ceux, qui l’eſtiment, accuſent leurs Adverſaires de n’avoir point aſſez de Pénétration pour juger des Beautez d’un Livre qui lui mérite l’Approbation de tous les Connoiſſeurs.

Montagne avoit été très gouté de ſon Tems, & avoit joui tranquilcment de ſa Réputation pendant près d’un Siècle. Deux Auteurs Janſéniſtes, douez d’un grand Génie, crurent entrevoir dans ſes Ecrits des Idées pernicieuſes à leur Religion. Ils le condamnérent ſans ménagement, & en firent une ſanglante Critique, qui, pendant un Tems, ſembla devoir préjudicier à l’Eſtime qu’on avoit eue pour ſon Ouvrage. Pluſieurs Perſonnes ſe rangèrent à l’Opinion des Docteurs Janſéniſtes : tout Port-Roïal en Corps approuva leur Déciſions & bien des Gens à Paris, & à la Cour même, adoptèrent leur Sentiment. Un Auteur, connu par la Juſteſſe de ſon Eſprit, prit le Parti de Montagne, qui