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Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/158

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§. III.

Toutes nos Idées tirent
leur Origines de nos
Sens, ou de celles
qui passent par
nos Sens.


I faut ſuppoſer, qu’au commencement l’Ame eſt comme une Table unie[1], vuide de tous Caractères, & ſur laquelle il n’y a encore rien de tracé. Ainſi, elle n’a aucune Idée quelle qu’elle ſoit. Vous demanderez, Madame, avec étonnement, par quel Moïen notre Ame en acquiert cette Quantité, que l’Imagination toujours agiſſante lui préſente avec tant de Variété ? Je vous répondrai, que c’eſt : Prémiérement par les Objets extérieurs & ſenſibles, qui frappent nos Sens : Secondement, par les Opérations de notre Ame ſur les Idées qu’elle a reçues par nos Sens ; Opérations, qui deviennent l’Objet des Réfléxions de notre Ame, formant & produiſant dans notre Entendement une autre Eſpece d’Idées, que les Objets extérieurs n’au-

  1. Tabula rafa.