Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/235

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ſolutions, fléchie par nos Prieres ? Eſt-elle étendue ? D’où vient donc l’Etendue ? Pluſieurs ſemblables Queſtions, qui ſe préſentent à l’Eſprit, l’étonnent, & l’embaraſſent : les Incompréhenſibilitez l’arrêtent à chaque Pas. Il ſe tourne d’un Côté, pour éviter des Impoſſibilitez apparentes, & il en rencontre qui ne ſont pas moindres[1]. Les Philoſophes de nos Jours, qui ſe ſont diſtingués autant par leur Piété que par leur Science, n’ont point cru bleſſer la Religion, en avouant, qu’il étoit impoſſible que nous euſſîons, malgré la Révélation, des Idées claires & diſtintes de la Puiſſance de Dieu, & généralement de tout ce qui tient de l’Infini[2]. Ainſi, nous ne devons point nous étonner ſi

  1. Bayle, Continuation des Penſées diverſes écrites à un Docteur de Sorbonne, à l’Occaſion de la Comete de 1680, Tom. I, pag. 81.
  2. « Le plus grand Abrègement, que l’on puiſſe trouver dans l’Etude des Sciences, eſt de ne s’appliquer jamais à la Recherche de tout ce qui eſt au-deſſus de nous, & que nous ne pouvons eſpérer raiſonnablement de pouvoir comprendre. De ce Genre ſont toutes les Queſtions qui regardent la Puiſſance de Dieu… Notre Eſprit, étant fini, ſe perd & s’éblouït dans l’Infinité, & demeure accablé ſous la Multitude des Penſées contraires qu’elle fournit. » Art de penſer, Part. IV, Chap. I, pag. 347. Ce Livre a été fait par deux ou trois illuſtres ſolitaires de Port-Roïal.