lent donner leurs Conjectures pour des Déciſions autentiques. On diroit, qu’on est encor dans le Tems du Schisme d’Occident, & que chaque Profeſſeur de Philoſophie est un Pape, qui décide qu’un certain Nombre des Opinions d’Ariſtote & de Scot ſera deſormais une Regle de Foi.
Une Choſe, que j’ai remarquée, & dont on peut aiſément s’appercevoir, c’est que, dans les Ecoles, & parmi les Demi-Savans, on fait très peu de Cas de la Géométrie, de l’Aſtronomie, &c. À peine en donne-t-on une légere Idée aux Jeunes-Gens. Mais, on leur apprend toutes les Subtilitez de la Logique de Scot & de Saint Thomas, & les Inutilitez de celle d’Ariſtote. On les éxerce à criailler & à disputer avec beaucoup de Feu ſur les huit Livres de sa Phyſique, qui ne ſont qu’un ſimple Ramas de Mots. Ce n’est pas qu’il fût plus difficile de s’appliquer à quelque Science utile, qu’à des Etudes auſſi infructueuſes ; mais, ſans la Dispute, les Demi-Savans croiroient ne pas briller. Il en est d’un Scolastique, comme de la Comteſſe de Pimbeche. La Plaideuſe penſe,