Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/349

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Londres, & en Hollande, une Secte de Multiplians, qui ſe tiennent cachés par la Crainte des Magiſtrats, mais qui n’en croïent pas pour cela ce Mélange, plus criminel, ni moins pieux.

S’il étoit donc vrai, qu’il y eut des Principes de Morale innez & gravez dans l’Ame de tous les Hommes, ſeroit-il poſſible, qu’il y eut des Nations entieres, qui, d’un Conſentement unanime & univerſel, démentiſſent, par leurs Diſcours, & par leurs Actions, les Principes de la Juſtice & de la Vérité, desquels chacun d’eux auroit une Conviction évidente en lui-même ? Et ſi l’on répond à cela, que Dieu grave dans le Cœur de l’Homme l’Idée du Bon & de l’Honnête, mais que l’Homme pervertit cette Idée par une fauſſe Application, il ſera aiſé de détruire cette Objection. Car, qu’y auroit-il de ſi inutile, que ces Idées, qui ne ſerviroient à rien, & dont l’Ame ne feroit aucun Uſage ? Je ne crois pas, qu’on veuille ſoutenir, qu’un Druſe, véritablement zélé pour ſa Religion, nourri au milieu de ſes Compatriottes, ait jamais réfléchi aux Principes innez de Morale qu’on lui prête. Il eſt auſſi perſuadé, qu’en cou-