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Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/368

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poſſible que quelqu’un dans l’Univers ſe figure que le pur Néant, le Rien, une parfaite Négation, puiſſe produire un Etre actuellement éxiſtant. Or, puiſqu’il faut que quelque Choſe ait exiſté de tout Tems, il faut examiner quelle eſt cette Choſe.

Nous ne connoiſſons, & nous ne concevons, dans ce Monde, que deux Sortes d’Etres ; ſavoir Etre penſant, & Etre non-penſant.

Par Etres non-penſans j’entes ceux qui ſont purement matériels, qui n’ont, ni Connoiſſance, ni Perception, ni Penſée, ni Sentiment, comme ſont les Cheveux, les Rognures des Ongles, &c.

Par Etres penſans, je ſignifie & je déſigne nous-mêmes, qui ſentons & connoiſſons, avons du Sentiment, concevons, & réfléchirons.

S’il y a un Etre qui ait exiſté de toute Eternité, il faut neceſſairement qu’il ſoit de la Sorte d’un de ces deux Etres.

L’Esprit connoit aiſément, & la Lumiere Naturelle nous montre d’abord, qu’une Matiere non-penſante ne ſauroit produire un Etre intelligent, qui penſe