Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/380

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à la Divinité, reconuſſent Un autre Etre ſpirituel ? Jamais donc les Anciens, ſi l’on en excepte Platon, n’ont regardé l’Eſprit, lorſqu’ils l’ont diſtingué de l’Ame ; que comme une Suite de la Matiere. Ils ont embrouillé leurs Diſcours & leurs Opinions de beaucoup de Diviſions & de Subdiviſions : & ceux, qui ſont venus, après eux, ont cherché dans cette Obſcurité de quoi autoriſer leurs nouveaux Sentimens. Ils auroient mieux fait, ſi, au lieu de rechercher des Autoritez inutiles dans une Queſtion auſſi incompréhenſible, ils euſſent avoué naturellement, à l’Exemple de St. Jérôme ; de St. Auguſtin, de St. Grégoire, &c, qu’ils ne pouvoient rien ſavoir de certain ſur la Nature de l’Ame ; & que cet Eclairciſſement étoit réſervé pour l’autre Vie.

Platon, qu’on ne peut douter avoir eu Connoiſſance des Livres de Moïſe, & de la Religion Judaïque, dans les Voïages qu’il fit en Egipte, aïant reconnu la Spiritualité de Dieu, crut quel’Ame de l’Homme étoit une Partie ou Portioncule de la Divinité, comme ſon Corps étoit une Portion de la Matiere. Cette Opinion approchoit de cel-