Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/407

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faudroit dire, qu’il y a plus d’Intelligence dans le plus petit des Animaux, ou même, dans une ſeule Graine, que dans le plus ſpirituel des Hommes : car, il eſt conſtant, qu’il y a plus de différentes Parties, & qu’il s’y produit plus de Mouvemens réglez, que nous n’en ſaurions connoître[1].

J’avoue, que ſi jamais Preuves m’ont paru peu convaincantes, ce ſont celles-là. Pour mieux les éxaminer, je vais les détailler l’une après l’autre.

Le Pere Mallebranche poſe d’abord pour Principe, que l’Intelligence, qui paroît dans les Bêtes, ne vient point de la Matiere. Mais, c’eſt-là ce qu’il falloit prouver. C’eſt cette même Theſe, que je viens de montrer être ſi peu certaine, & ſi peu claire. Lorſqu’on philoſophe ſur ſes propres Principes, il eſt facile d’en tirer les Conſéquences que l’on veut. Mais, lorſque ces Principes ſont, ou faux, ou incertains, tous les Raiſonnemens qui en découlent ſe reſſentent des Défauts de la Source. Avant de mettre pour Principe, que l’Intelligence, qui paroît dans les Bêtes,

  1. Mallebranche, Recherche de la Vérité ; Livr. IV, Chap. VII, pag.431.