Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/422

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qu’il a jugé à propos d’accorder aux Animaux. Mais, des le moment qu’on vient à déranger ou à détruire quelqu’un de ces Endroits néceſſaires a la Formation & à l’Entretien de ſes Opérations, alors l’Intelligence ceſſe d’agir, & le reſte de l’Harmonie qu’entretient l’Ame ſenſitive ſe détruit auſſi. On voit tous les jours dans les Hommes mêmes, que l’Ame raiſonnable, ne faiſant rien à la Conſervation & à l’Entretien du Corps, dès que la ſenſitive ne frappe plus que foiblement certaines Parties, l’Ame raiſonnable, prête à s’envoler, paroît comme inſenſible à tout ce qui ſe paſſe. Dans les Evanouiſſemens, où les Eſprits vitaux diminuent leur Mouvement, on n’a aucune Perception, ou du moins eſt-elle très foible. Il en eſt ainſi des Animaux : dès que les Eſprits ne frappent plus les Parties intellectuelles, la Deſtruction de leur Ame & de leur Intelligence finit. La ſeule Différence qu’il y a des Bêtes aux Hommes, c’eſt que l’Ame étant indiviſible, ou par la Volonté de Dieu, ou de ſa Nature, & ne recevant aucune Atteinte par la Diſſolution de la ſenſitive, quitte ; le Corps, & va où Dieu l’appelle, dès le mo-