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Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/474

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logue, & quel Triomphe c’eut été pour ceux qui aiment à être abuſez par des Idées chimériques ! Il n’eſt point extraordinaire, que les Faiſeurs d’Horoſcopes, les Charlatans, & les Diſeurs de Bonne-Avanture, prédiſent quelque-fois la Vérité. À force de mentir, il leur arrive quelque-fois de deviner véritablement ce qui arrive. Qui eſt celui, dit Ciceron, qui, s’éxerçant tous les Jours à tirer, ne donne enfin quelque-fois au But[1] ? Un Faiſeur d’Almanacs annonce, qu’il mourra un Souverain en Europe. S’il meurt, chacun parle de l’Almanac. S’il ne meurt point, on n’en dit rien, non plus que de bien d’autres, qu’on avoit fait dans divers Païs, & qui avoient prédit un Menſonge d’une autre Eſpece.

Permettez, Madame, en achevant cette Réfléxion, que je vous exhorte à mépriſer ſouverainement toutes les Sciences que vous trouverez auſſi incertaines, & auſſi ridicules, que l’Aſtrologie Judiciaire.


Fin de la Cinquieme et
derniere Réfléxion.
  1. Quis eſt enim, qui, totum Diem jaculans, non æliquando conlineet. Cicero de Divinatione Libr. II, Cap. LIX.