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LE CAPITAINE

En ce moment, clos en tête à tête dans une salle blanche de bougies, restaurés tous deux, ils causaient.

— La douce rentrée ! Après ces fatigues, mon roi, vous devez avoir envie de délassements.

— Point trop. Escalader, charger, tirer de la coulevrine, dormir sous la tente et trotter aux champs, c’est là mon fait.

— Glorieux aimé, je vous retrouve plus pâle ; vous avez souffert.

— Je me suis engagé dans cette lutte en volontaire (et démêlé en capitaine, dit-elle). Oui, sourit-il, en bon capitaine, faut croire. J’y fus saboulé sous les pattes des bêtes, matrassé de coups de glaives, et on m’envoya sans m’atteindre plusieurs coups de fusil par les cheveux. De toutes ces morts, voyez, je reviens sauf, le cœur debout dans la poitrine, sain comme un chou après la gelée.

Elle l’admira :

— L’univers s’entretient de vous, sire.

— Je ne veux entendre que vos caquets.

M. de Joyeuse battu entièrement, son armée défaite…

— Tous morts ou blessés.

— Morts et blessés, murmura-t-elle. Vous me faites songer, Henri, que ces vaincus étaient de France.

— Ennemis du repos ! Agitateurs qui lançaient cartel pour me tuer, voler le trône, y placer un Guise, et affamer la nation. Sont réduits à moitié déjà, mais un jour ou l’autre je ferai le reste !