Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
LE ROI

Les hommes du Tréport mirent la main au sang ; il y eut à en donner et à en prendre, et les assiégés sur le soir aboyèrent à la petite mort. Dans une brouée si dense qu’à peine l’on se pouvait voir, le Gascon les repoussa jusque dans les rues de la ville, mais malgré le courroux des brèches la victoire fut aux royaux. Alors un bavard se montra.

— Point de phrases ! lui cria le Béarnais.

— Sire, dit le magistrat prévenu, quelques mots seulement. Nous sommes heureux de remettre les clés de la ville entre les mains d’un si grand monarque.

— Monsieur, trois : merci et bonsoir.

Il entra, se rafraichit, vaqua aux affaires solides, et voulut surprendre Darnétal.

— C’est une ville factieuse, nous la faut ajouter aux autres ; partons !

Il ploya ses tentes. On l’attendait. Les gens de Darnétal avaient bastionné le bout des rues et environné les remparts de gabions pleins de terre et de tonneaux. Le roi et d’Aubigné vinrent reconnaître où ils placeraient l’artillerie ; d’Aubigné avisa un tertre où se trouvait un moulin à vent.

— Ici nous pourrons faire brèche sur la tour.

Cette tour commandait au plus gros boulevard, l’idée de la détruire ne pouvait venir qu’au canon.

— Elle est si haute que les anges eux-mêmes se fatigueraient d’y monter ; il y faut creuser un grand trou, sire.