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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/324

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LE ROI

tagne, piqua de l’éperon, vint aux gentilshommes, et rallia quelques-unes de leurs compagnies. Le roi, mêlé à eux, se battait aux places brûlantes. « Sire, dit Rosny en baissant son bras, vous faites la recrue et vos gentilshommes succombent ; les charges de M. de Mayenne déquillent nos rangs, m’est avis qu’il faut faire ici les « dragons », notre obstacle arrêtera tout. » Le roi essuyant sa sueur, ce revers de main l’éveilla, il fit grand soleil dans sa tête : « Vous avez raison, mon ami ; pistolant à cheval mes nobles ne font rien qui vaille, contraignons-les à descendre. » Bondissant au milieu des balles qui grêlaient à mort sur son buffle, le Gascon rugit par la plaine : « Gens de ma cornette, ralliement ! » Une foule vint à son cri. « À la dragonne, pied à terre. » Trois cents cavaliers massés descendirent, accrochèrent leur cheval par une longe du côté montoir, et chargèrent froidement leurs armes. « Tirez à balle sûre, avisa Rosny, la poudre est chère. » — « Le plomb aussi, » grogna Pouydraguin. Derrière ce rempart de chevaux, les gentilshommes attendirent, méprisants, guindés comme des piquets, la figure haute, la lèvre inférieure en l’air, un coin de moustache sous la dent. C’étaient les porteurs de noms historiques, les Manoirs de France. Largement bâtis, durs de base, ils symbolisaient chacun sa forteresse, et leur casque emplumé bougeait comme un haut pennon sur la tour. À la première charge, visant juste, ils firent boire à Mayenne une salve