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Page:D’Esparbès - Le Roi (1910).djvu/361

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LE ROI

annulée d’elle-même, et l’infante Isabelle, fille de notre souverain, succède de droit à la couronne de France comme la plus proche héritière d’Henri III ; les Français la nommeront en chœur par reconnaissance pour le roi d’Espagne, sans qui la France serait depuis longtemps sous le joug du roi de Navarre, lequel, au dire du pape, est un homme « absurde, hérétique, schismatique, impie, et tout embrasé d’un esprit de révolte contre l’Église ».

— Moi ? souriait le Gascon étonné, c’est de moi ce portrait ?

Au fond, tout cela n’était qu’ambitions d’Espagne et terreurs françaises, épouvantes de factieux pour le maître juste dont ils craignaient les représailles.

— S’ils vous connaissaient pardonneur, dit Rosny, tous ensemble vous proclameraient. Mais ces catholiques vous croient un entêté protestant, et je sais, hélas ! (Rosny, sectaire, soupira), que vous n’êtes ni l’un ni l’autre.

— Un homme, murmura le Gascon.

Il reprit tout haut :

— Un homme, sans plus, désolé de voir souffrir les Français par la faute des méchants et des étrangers. Le bien du pays m’emplit la tête et le cœur, voilà ma foi, le reste n’y a nulle place.

— Je sais cela, sire ; hélas ! nous savons cela dans les compagnies.

— Et que dit-on de moi ?

— Rien, répondit Rosny, on souffre et on se